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dimanche, 11 octobre 2020

Crise COVID vers "Ma Santé 2022"

Crise COVID vers "Ma Santé 2022"

« S’il ne fallait retenir qu’un seul enseignement de cette période , ce serait la capacité qu’ont eue les médecins de ville à se mobiliser, à s’adapter, à innover ainsi qu’à s’organiser solidairement et collectivement en lien permanent avec d’autres professionnels de ville et tout particulièrement les infirmiers et les pharmaciens » D'après  Dr Guilaine Kieffer-Desgrippes Présidente URPS-ML GE.

Comment mieux dire la transformation de l’organisation des soins qui restera en place quand les vagues finiront par se retirer ?

Dès le 15 mars 2020, le groupe WhatsApp de la CPTS de Bar-sur-Seine s’est mobilisé pour réunir autour de la MSP, 23 professionnels de santé MSP et CPTS (internes en médecine, médecins, infirmiers, sages-femmes, kinésithérapeutes). Le lendemain, notre filière COVID était en place. Nous avons été capables en quelques jours d’équiper un local d’accueil non utilisé d’un ordinateur et d’un téléphone reliés au réseau interne. Le triage a été financé sur ressources internes et nous avons bénéficié d’une dotation de masques FFP2 et chirurgicaux par l’ARS pour notre filière COVID.

En parallèle, nous nous sommes organisés pour mettre en place des protocoles et une organisation propre à la MSP (établissement d’une liste de médicaments essentiels, accessibles, constitution de quelques kits, etc) si les capacités conventionnelles venaient à être dépassées et pour faciliter la sortie de l’hôpital.

Ces actions ont été prolongées avec dès juillet 2020 la mise en place de de façon continue, adaptée à l’épidémie, des dépistages en nombre sur 4 sites de notre petit territoire. Cette action n’a été possible qu’avec l’implication de nombreux acteurs libéraux ( IDEs, pharmaciens) et le soutien constant du centre hospitalier de proximité de Bar-sur-Seine.

Sans s’épuiser après les premiers mois, nos façons de travailler ensemble ont évolué ( 2 assistantes médicales ont été recrutées dont l’une partagée sur 2 maisons de santé , les prélèvements PCR ont été organisés autour des PS de 4 sites créant une organisation complémentaire et convergente ainsi qu’une veille pour l’accès au EPI pour les organisations pluri-professionnelles).


Nous retenons de cette crise tout d’abord la forte mobilisation pluriprofessionnelle, tant de la MSP de Bar-sur-Seine que de nombreux autres professionnels du territoire renforçant notre projet CPTS dont elle est devenu un élément fédérateur. La volonté de travailler ensemble et le partage d’expérience, en nous appuyant sur différents supports (groupes WhatsApp, Dropbox, etc.) en ont été deux éléments et le plus riche en termes d’efficacité. Cette volonté commune a nourri notre capacité à mettre en place notre système d’information, à trouver des solutions pratiques, ou à anticiper.

Mais dépassant cette belle mobilisation , à travers nos engagements nous nous sommes retrouvés «dans d’une nouvelle organisation des soins décloisonnée, une nouvelle et meilleure organisation des professionnels de santé au bénéfice des patients mais aussi pour eux-mêmes » c’est à dire exactement dans l’impulsion «Ma santé 2022 : décloisonnement et réorganisation des soins » , plus nous avons eu l’occasion d’expérimenter la parfaite adéquation du dispositif des communautés professionnelles territoriales de santé à notre situation et à nos ambitions territoriales.

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La rédaction de cette page doit son impulsion à la synthèse du Dr Guilaine Kieffer-Desgrippes Présidente URPS-ML GE qui permet d'avoir un aperçu sur le chemin parcouru durant la première partie de la crise COVID. Synthèse à laquelle nous avons contribué pour l'Aube, page 9.

 

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samedi, 10 octobre 2020

Ce que "crise" recouvre comme potentiel

Ce que "crise" recouvre comme potentiel

La crise surgissant , danger immédiat, apporte avec elle des opportunités, si nous apprenons a faire avec ( cette partie a été soufflée par mon ami le Dr Giorgio Di Benedetto).

Il n’est pas dans mon idée de mettre en cause le tragique de ce que nous avons véçu, ni ce qui nous attend. Il est plutôt d’affirmer qu’il est différentes façons de faire avec « la vague », que nous sommes pas obligés de la prendre en pleine gueule, passivement mais que nous pouvons faire "avec".



"En Chine, le mot « crise » est décrit par deux idéogrammes signifiant conjointement « danger » et « opportunité », soulignant qu’en période incertaine, mauvaises nouvelles ou situations désagréables sont autant d’opportunités de reconsidérer l’avenir autrement…

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Pour être précis, le mot chinois pour crise est wei ji, l’idéogramme wei signifiant effectivement « danger » mais ji ayant plutôt le sens de « point de basculement » ou de « moment décisif ». La crise en chinois, c’est donc le moment où on frôle le danger. Parallèlement, ji signifie opportunité de changement, dans un sens positif.


Ainsi, « ce qui ne me détruit pas me rend plus fort. » Ces mots de Friedrich Nietzsche sont une ouverture à la pensée « Wei-ji », pour laquelle chaque crise possède deux constituants indissociables, le risque (wei) et l’opportunité (ji). Ainsi nous pouvons sortir plus fort d’une crise, en saisir l’opportunité pour avancer, se remettre en cause. La crise comme instrument du renouvellement : des crises naissent le courage, du courage, la décision, de la décision l’action.
Savoir accueillir l’adversité conjoncturelle comme autant d’opportunités d’imaginer d’autres scénarios, différents et inattendus, innovants et créatifs,  telle est sûrement la morale la plus constructive de cette histoire… !"

Blog le Laurence Thomas, université de Poitiers.

Comment mieux exprimer les différentes épreuves par lesquelles nous nous sommes transformés ?

 

 

Ceci n'est pas qu'une réflexion sur une "crise" dépassée, loin de là, les menaces sont toujours là, nouvelles, inattendues. La difficulté actuelle sévère, improbable à l'installation d'une consoeur, la menace qui en a surgit est une occasion de prendre conscience, de mettre en mots notre projet, de resserrer les liens des médecins du territoire, de développer nos liens, nos échanges au niveau local et régional, de découvrir ces ressources. De cette dernière crise aussi nous sortirons renforcés !

Je ne prétend pas rechercher le danger, jamais, l'actualité y pourvoit largement, mais je veux retenir qu'il faut contenir l'inquiètude, accepter le danger et apprendre "à nager", toujours mieux non pas "à cause" mais presque "grâce aux vagues" qui nous arrivent sur la figure. Une situation mauvaise,  si nous réussissons à la considérer sous ce jour devient opportunité, et in fine bonne.

Nous ne commandons pas les vagues, mais puissions nous toujours continuer à être capables de nous transformer, d'évoluer par celles-ci !

 

Crise COVID, regard d'une interne sur la MSP de Bar-sur-Seine, stage de novembre 2019 à juin 2020.

« Mon implication et mon expérience dans le cadre d’une organisation pluri- professionnelle face à une crise sanitaire ».


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Dilan YILDIRIM interne niveau 1 à la MSP barséquanaise auprès des Drs Beaufort, Trapenanrd et Mir de novembre 2019 à juin 2020.

Extrait de son « Journal de Bord », Université de REIMS CHAMPAGNE-ARDENNE, Département de   Médecine Générale. Ce document est publié avec son autorisation. Nous soulignons de notre coté l’apport majeur de cette interne par son énergie, sa capacité à faire lien entre les PS, sa bonne humeur constante qui ont été déterminants dans le succès de la structuration et de la mise en place de notre filière COVID.

 

 

 

Extrait du journal de Bord de Mme Dilan Yildirim

Famille de situation abordée : Professionnalisme et organisation pluri-professionnelle.

Contexte
Je souhaite parler de mon expérience avec la COVID19 et de l’exemplarité de l’organisation qu’il y a eu dans la maison de santé dans laquelle j’étais en formation.
Dès l’annonce d’un virus appelé Coronavirus SARS COV 2 circulant en Europe, il a été décidé de ne plus se faire la bise au sein de la maison de santé et de ne plus serrer la main aux patients. De plus devant un patient ayant des symptômes de toux et de fièvre, nous portions un masque chirurgical.
Rapidement, de peur de manquer de masques, nous avons décidé de garder et mettre de cotés les masques chirurgicaux déjà usagés.
Le Jeudi 12 mars, le président de la République a annoncé la fermeture des écoles prochaines à partir du lundi 16 mars. Pris de cours, le lendemain (vendredi 13 mars) nous nous sommes tous questionnés à savoir sur comment s’organiser pour les semaines à venir, sur ce que disent les journaux, puis nous nous rendons compte que des rumeurs de confinements et couvre-feux circulaient sur internet. Les informations rapportées par un médecin italien de la MSP sur ce qui se passait dans le nord de l’Italie et d’un second médecin de la MSP très durement impacté dans sa famille proche dans le Haut Rhin nous a fait prendre la mesure de ce qui se passait.

Un de mes maitres de stage a créé un groupe WhatsApp le samedi 14 mars incluant tous les professionnels de santé du cabinet et ceux du territoire de la future CPTS (kinésithérapeutes, infirmier(e)s, médecins, psychomotricienne, pharmaciens, préparateurs en pharmacie, secrétaires, sages femmes). A partir de là une dynamique s’est créée sur une nouvelle organisation.

Sur place avec un de mes maîtres de stage, nous avons dès lors préparé la réunion, crée des affiches et commencer à vider les chaises des salles d’attentes pour n’en laisser que 4 par salle d’attente.
Une réunion expresse a été décidé le lendemain dimanche 15 mars de 10h à midi. Nous étions une 20 aine de personnes; nous avons évoqué les problématiques suivantes :

 

  • comment faire face à la pénurie de masques et de gels hydroalcooliques ?
  • quelles tenues de protection adopter et pour quelles consultations ?
  • comment nous organiser pour éviter le contact entre les malades suspects et les non malades présumés. Un bureau (initialement prévu pour les consultations infirmières dans le cadre de l’association Asalée) avec une petite salle d’attente avec entrée sur l’extérieur fut parfait pour cette « filière Covid ».
  • discussion sur l’annulation des permanences des horaires des infirmieres, elles iraient ainsi directement à domicile, limitant ainsi au maximum les contacts des malades entre eux.
  • discussion de l’annulation des consultations non nécessaires notamment kinés, sages femmes, psychométricienne et orthophoniste.
  • discussion d’annuler tous les rendez vous de renouvellement s’il s’agissait d’un simple renouvellement, la pharmacie avait ainsi le droit de délivrer directement les médicaments.
  • d’organiser un tri à la maison de santé avec deux personnes sur place, je me suis alors proposée pour la première semaine pour effectuer ce tri tous les jours de 8H à 18H avec chaque demi journée un autre professionnel de santé qui tournerait sur son temps libre à mes cotés.
  • proposition de mise en place de la téléconsultations ( effective quelques jours après sur la MSP).

Un élément incontournable était d’ organiser un tri à l’entrée de la maison de santé:

  • faire entrer les patients un par un
  • prendre leur température et si pas de température lavage des mains au gel hydroalcoolique pour tous ceux entrants dans la maison de santé
  • et pour tous patients présentants des symptômes : prendre leurs coordonnées téléphoniques , leur âge, nom prénom et les questionner sur la date de début des symptômes, la présence de symptômes entrant dans les critères du covid : fievre, toux, rhinite, asthénie, dyspnée, diarrhée (plus tard on rajoutera l’agueusie et l’anosmie); la présence de symptômes de comorbidités tel que l’obésité, l’HTA, les défaillances cardiaques, pulmonaires, le tabagisme, le diabète etc , la prise de traitement de fond, la prise récente de corticoides ou antinflammatoires , j’ai alors fait un tableau rassemblant les critères à rechercher; toute personne qui avait un des symptômes précédents avait le COVID jusque preuve du contraire et passerait en « filière Covid » avec un masque et un lavage des mains au gel hydroalcoolique

Dès le lundi 16 mars 8H nous étions tous prêts :
J’étais au tri des patients à l’entrée de la maison de santé et ce fut une semaine horriblement stressante et intense. Tout d’abord parce que les deux premiers jours, les patients ne comprenaient pas pourquoi nous étions sur le qui vives, et pourquoi ils n’étaient plus autorisés à entrer pour prendre rendez vous ou pourquoi leur consultation de renouvellement était annulée.
Certains comprenaient et beaucoup d’autres s’énervaient, mais je leur expliquais qu’il s’agissait d’une pandémie exceptionnelle, sérieusement grave, que nous n’en savions pas assez à ce sujet et que toutes les précautions étaient nécessaires et pour leur bien et de leur santé il leur fallait rester à la maison, à distance des gens et éviter de croiser des gens malades en salle d’attente.
Mais j’avais également un stress intense aussi concernant ma santé, est-ce que j’étais assez protégée avec mon simple masque chirurgical face à tous ces patients ? Quand je leur prends la température, quand ils se rapprochent de moi, quand bien-même je leur demandais de prendre leurs distance etc est-ce que j’étais assez protégée ?

Le mardi 17 mars au soir, le président de la république a annoncé le confinement pour deux semaines et c’est alors dès le lendemain que les choses ont commencé à se calmer, les patients étaient beaucoup plus compréhensifs vis à vis de notre organisation.
Nous avons eu alors vu un élan de solidarité énorme qui a débuté: des dons en masse de masques chirurgicaux périmés de la part de la population, mais aussi des non périmés de la part des soignants qui ne pouvaient plus exercer (kiné, dentistes), de masques FFP2 périmés de la part des infirmiers, des masques FFP3 de la part des sociétés de désamiantages...

La pharmacie du coin a produit du liquide hydro alcoolique grâce à la formule donnée par l’OMS, ce qui nous a sauvé. Puis des sociétés d’élevage de poulets, mais aussi de peintures nous ont fournis en tenues de protection pour les consultations COVID.
Jamais je n’ai vu une telle solidarité.

Tous les soirs je regardais les chiffres concernant le nombre de cas et de décès, les évolutions des courbes, nous échangions concernant toutes les nouveautés, informations, traitements, symptômes, masques etc a toutes heures avec les professionnels de santés sur le groupe Whatsapp et par mails.
Ce fut une richesse au niveau communication mais également une solidarité et organisation inter professionnelles que je n’avais jamais vue. Chaque professionnel était investi, volontaire, apportait son aide gratuitement, contribuait sur son temps libre pour venir aider à faire le triage à l’entrée de la maison de santé, puis pour le rappel des patients suivis à la suite des consultaions covid.

Jamais je n’oublierai cette expérience, j’ai réalisé que cette équipe de professionnels volontaires et investis a su spontanément mettre en place une organisation exemplaire adaptée à la crise sanitaire, alors que même le gouvernement n’avait rien annoncé.